Devenir joueur de poker professionnel avec Romain.

Trouver sa voie professionnelle n’est pas une chose facile. Certains ont déjà leur chemin tout tracé pendant que d’autres se cherchent même durant leurs études.

Une décision importante qui n’est pas à prendre à la légère et qui va déterminer votre carrière professionnelle. Un choix qui est de moins en moins décisif. En effet, selon le dernier baromètre de l’emploi et la formation, publié le 27 mars par Centre Info, un Français sur deux songes à changer de métier, dont 35% pensent opter pour une autre voie professionnelle dans les deux ans qui viennent. Les mentalités évoluent et la façon d’imaginer sa carrière professionnelle également. Les parcours professionnels sont moins linéaires qu’autrefois, le besoin de changement se fait ressentir plus rapidement et l’envie d’approfondir un nouveau domaine de compétences aussi. De nouveaux métiers émergent sans arrêt, laissant place à une multitude de possibilités.

Romain Badard, membre de Sundesk l’a bien compris. C’est pendant ses études de commerce, qu’il décide de devenir joueur de poker professionnel. Une passion devenue un véritable métier.

Retour sur l’interview de Romain et son parcours atypique « Le jour où j’ai décidé de devenir joueur de poker professionnel »

Que voulais-tu faire comme métier étant enfant ?

J’ai commencé le football à l’âge de 8 ans et j’en ai fait pendant 10 ans. Comme beaucoup d’autres enfants, je voulais devenir footballeur professionnel. Je me suis rapidement rendu compte que cela allait être difficile.

À quel âge as-tu commencé le poker ?

J’ai démarré le poker en ligne à l’âge de 21 ans, l’été de ma première année d’école de commerce.

Pourquoi t’être lancé dans ce domaine ?

J’ai toujours aimé les jeux de cartes en général, ainsi que l’application des probabilités et des statistiques dans la vie courante. Mais ce qui a vraiment lancé mon « aventure » avec les jeux d’argent est le film « Las Vegas 21″ que j’ai vu à l’âge de 17 ans. C’est un film tiré d’une histoire vraie qui raconte comment des étudiants du MIT, chapeautés par leur professeur de mathématiques, ont gagné des millions de dollars dans les casinos de Las Vegas en comptant les cartes au Blackjack. Cela m’a tout de suite fasciné. J’ai entrepris d’apprendre également la méthode (avec notamment l’aide de ma petite sœur qui me distribuait les cartes pour m’aider à m’entraîner) et d’aller jouer dans les casinos de la Côte d’Azur. J’ai eu l’occasion durant deux étés de compter les cartes dans un casino de Monaco pour un compteur de cartes professionnel (il avait été banni de tous les casinos de la région). Peu après, les casinos ont rendu le comptage de carte impossible avec des ménages mélangeant les cartes en continu. C’est tout naturellement que je me suis tourné vers le poker, qui avait pour réputation d’être un jeu « facile » à comprendre.

Peux-t-on gagner sa vie en tant que joueur de poker professionnel ?

On peut bien évidemment gagner sa vie en tant que joueur de poker. Il y a bien sûr des disparités énormes entre les tops joueurs mondiaux et ceux qui arrivent à peine à en vivre.

Le lieu de résidence influe également beaucoup, de nombreux pays n’ont pas de taxes sur les gains ce qui n’est pas le cas de la France par exemple. C’est la raison pour laquelle l’immense majorité des joueurs de poker professionnels français vivent à l’étranger.

Quels outils utilises-tu le plus souvent ?

Les deux meilleurs amis du joueur de poker professionnel sont :  le tracker et le solveur. Un tracker enregistre toutes les mains que vous allez jouer. Cela permet de revoir a posteriori des coups, si on a potentiellement fait une erreur, si d’autres ont fait une erreur ou au contraire si on aime beaucoup la façon dont on a joué un coup, etc.

Un tracker enregistre également les mains jouées par nos adversaires et nous donne donc des informations sur leurs styles de jeux, ce qui peut s’avérer très précieux.

Le solveur lui est utile pour progresser sur la compréhension fondamentale du jeu. Ce sont des outils qui pour une situation donnée, vont nous montrer quelle est la stratégie optimale et imbattable.

Le but est non pas d’essayer de retenir (il y a beaucoup trop d’informations, c’est impossible pour un cerveau humain) mais d’essayer de comprendre les mécanismes derrière telle ou telle action. C’est un sujet assez complexe et c’est assez compliqué de le résumer en quelques lignes.

Est-ce que tout le monde peut se lancer ?

Oui, mais il y a de bonnes et de mauvaises raisons. Si votre motivation première est l’appât du gain, il y a très peu de chance que vous fassiez une grande carrière dans le poker. C’est un milieu assez compétitif, du moins quand on arrive sur des enjeux de mises élevées. Il faut donc travailler la théorie du jeu pour être au niveau. Ce jeu peut aussi parfois être cruel, quand la variance n’est pas de notre côté. Si vous êtes là uniquement par ce que vous avez entendu qu’il était facile de gagner de l’argent à ce jeu, il est fort possible que vous abandonniez aux premières difficultés, qui apparaîtront tôt ou tard.

La plupart des joueurs professionnels le deviennent par la force des choses. Ce sont des gens qui étaient passionnés par le jeu à la base, qui ont atteint un niveau élevé, se rendent compte qu’ils apprécient réellement de jouer au quotidien (jouer pour le plaisir une fois de temps en temps et jouer en étant professionnel sont deux choses totalement différentes) et qu’ils arrivent à en tirer un revenu intéressant. C’est donc dans la plupart des cas une transition progressive (pendant les études durant son temps libre) et non une décision consciente. Tout abandonner pour se lancer à fond dans le poker sans expérience au préalable est à bannir pour 99% des gens.

Que préfères-tu dans ton métier ?

De très loin la liberté qu’il procure. Le fait de pouvoir travailler de partout et de pouvoir organiser son emploi du temps comme on le souhaite.

Est-ce une activité stressante ?

Le fait de n’avoir aucun revenu assuré au début du mois peut être une source de stress. Il y a aussi le fait que nous sommes soumis à la variance. Pour une période donnée, il est tout à fait possible de jouer extrêmement bien, même du mieux qu’on n’ait jamais joué, et de perdre pour autant. C’est uniquement sur le long terme que nos résultats vont se rapprocher de notre espérance de gain théorique.

C’est également un métier envahissant, on ne coupe jamais vraiment puisqu’il est théoriquement toujours possible de jouer davantage et de gagner plus d’argent.

Comment arrives-tu à travailler depuis un espace de coworking ?

J’arrive et je prends un café, je vais dire quelques bêtises à la personne qui est à l’accueil et puis je me mets à cliquer sur ma souris.

Sinon, la vraie réponse

C’est très simple, je ne pourrai plus exercer ce métier sans le coworking au contraire. Lors de mes premières années, je vivais à l’étranger en colocation avec d’autres joueurs.

Le Covid aidant, je suis rentré en France en décembre 2020. J’ai travaillé depuis chez moi pendant un mois et j’ai failli devenir fou. Que ce soit au niveau de la productivité ou du manque de contact humain, j’ai rapidement compris qu’il fallait que je trouve une solution.

Le fait d’arrivée, et que tout le monde soit en train de travailler (globalement, il y a évidemment des exceptions dont je tairai les noms) pousse également à se mettre au travail tout de suite.

Lorsque je suis chez moi, je procrastine, je regarde une vidéo YouTube ou je fais autre chose et je perds du temps. Le fait de retrouver plus ou moins une ambiance de start-up avec des collègues de bureau avec qui discuter pendant la pause-café aide à avoir un équilibre.

Comment te vois-tu dans 10 ans ?

Le but est de mettre suffisamment de côté le plus rapidement pour être tranquille. Une fois, cela atteint, je me verrai bien coach sportif ou président de la république. À voir ce qui sera le plus simple à réaliser.

Romain prouve à travers cette interview que l’on peut vivre de sa passion et surtout se donner les moyens de faire ce qu’il nous plaît. Un parcours professionnel motivant et inspirant.

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